Alors que nous apprenons à quel point notre microbiome intestinal est vital pour notre santé, l’agriculture industrielle veut détruire le microbiome des vaches au nom de l' »action climatique ». C’est ainsi qu’est né le Bovaer, un additif alimentaire qui réduit le méthane et qui est considéré comme une solution rapide pour réduire les émissions des bovins. Mais derrière les titres élogieux se cache une histoire troublante d’intérêts corporatistes, de risques ignorés et de perturbations dangereuses des systèmes naturels.
Source : Par l’équipe ANH, 18 déc. 2024
LA LIGNE D’ARRIVÉE
- Bovaer, un additif alimentaire de DSM Firmenich, réduit les émissions de méthane chez les bovins en inhibant les microbes intestinaux. Cependant, il perturbe l’équilibre naturel du système digestif des vaches, avec des conséquences inconnues à long terme et des problèmes à court terme, tels qu’une réduction de la consommation d’aliments, des problèmes de fertilité et des risques pour les agriculteurs.
- Cette situation suscite des inquiétudes quant à l’impact sur la perturbation des microbiomes des vaches, et sur la qualité du lait et de la viande. Aucune réponse claire n’a été apportée quant aux effets néfastes potentiels sur la santé humaine.
- Des solutions telles que les suppléments d’algues, les probiotiques, les huiles essentielles et l’agriculture régénérative offrent des moyens plus sûrs et plus efficaces de réduire les émissions sans compromettre la santé animale, la sécurité alimentaire ou l’équilibre environnemental.
Qu’est-ce que Bovaer ?
Bovaer, développé par DSM Firmenich, utilise un produit chimique synthétique appelé 3-nitrooxypropanol (3-NOP) pour bloquer la production de méthane chez les vaches. Le méthane, produit dans le rumen de la vache par des microbes intestinaux appelés méthanogènes, est libéré principalement par les éructations. En inhibant ce processus, le Bovaer réduit les émissions de méthane de 30 % chez les vaches laitières et de 45 % chez les bovins, selon le fabricant.
Ça a l’air génial, non ? Détrompez-vous.
Perturber l’équilibre de la nature
Le méthane n’est pas seulement une « pollution ». Il joue un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre délicat de l’intestin de la vache. Les méthanogènes empêchent l’accumulation d’hydrogène, ce qui permet aux vaches de digérer efficacement les matières végétales difficiles. Ils contribuent également à stabiliser le pH dans le rumen, assurant ainsi un environnement sain aux microbes qui favorisent la digestion.
Que se passe-t-il lorsque l’on modifie cet équilibre ? Nous ne le savons pas, et c’est bien là le problème : aucune étude à long terme n’a été réalisée. Les données à court terme donnent déjà des signes d’alerte, notamment en ce qui concerne la réduction de la consommation d’aliments, la diminution du poids du cœur et les problèmes de fertilité chez les vaches. L’agence britannique des normes alimentaires a également relevé des risques d’irritation de la peau et de lésions oculaires pour les agriculteurs manipulant du Bovaer. Et dans une étude, des traces d’un métabolite du Bovaer ont même été retrouvées dans le lait.
Les risques cachés pour la santé humaine
Si le Bovaer perturbe le microbiome des vaches, qu’advient-il de la qualité du lait et des produits carnés ? Qu’en est-il des effets potentiels sur les humains qui les consomment ? Personne ne répond à ces questions. Alors que les études sur les rats soulèvent des inquiétudes quant à la cancérogénicité, aux problèmes de fertilité et à la génotoxicité à des doses plus élevées, nous sommes censés croire que les petites doses sont « sûres ».
Nous avons déjà vu ce scénario. L’agriculture industrielle se précipite pour mettre en œuvre une « solution » synthétique, et les conséquences à long terme – que ce soit pour la santé ou l’environnement – sont commodément ignorées jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
L’agenda des entreprises derrière Bovaer
Bovaer n’a pas pour but de sauver la planète, mais de permettre aux entreprises de réaliser des profits et d’exercer un contrôle. La pression exercée pour rendre obligatoires les technologies de réduction du méthane s’accompagne de milliards de dollars de financement et de crédits carbone, ce qui a pour effet d’écraser les petits agriculteurs et de récompenser l’agriculture à l’échelle industrielle. Le ministère de l’agriculture a également débloqué des fonds importants pour soutenir les agriculteurs qui utilisent des méthodes de réduction du méthane telles que Bovaer, ce qui fait qu’il est très difficile pour les petits agriculteurs de refuser d’utiliser ces technologies à long terme.
Pendant ce temps, le véritable problème environnemental – l’élevage industriel en parc d’engraissement – est ignoré. Les bovins des parcs d’engraissement nourris de céréales importées ont une empreinte carbone considérable, mais ils sont traités de la même manière que les bovins nourris à l’herbe et élevés dans des pâturages régénérateurs.
L’agriculture régénératrice travaille avec la nature, et non contre elle. Les prairies correctement gérées peuvent séquestrer le carbone, améliorer la santé des sols et promouvoir la biodiversité, tout en produisant des aliments riches en nutriments. Mais au lieu de soutenir ces solutions, les régulateurs livrent notre système alimentaire aux géants de l’agrochimie qui proposent des raccourcis non testés comme le Bovaer.

De vraies solutions, pas de raccourcis toxiques
La réduction des émissions de méthane ne nécessite pas d’additifs synthétiques. Il existe des alternatives qui ne compromettent pas la santé des animaux ni notre sécurité alimentaire :
- Les suppléments d’algues ont montré un potentiel de réduction du méthane de 80 %.
- Les probiotiques et les solutions naturelles à base de plantes sont prometteurs pour améliorer la digestion et réduire les émissions.
- Conversion microbienne: On a découvert que des souches bactériennes convertissaient le méthane en acides organiques.
- Huiles essentielles