France: Les insectes comestibles, ce n‘est peut-être pas la panacée

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Une étoile de la French Tech face à un redressement judiciaire

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Ynsect, une Start-up française crée en 2011, célébrée autrefois comme fleuron de la French Tech, à été placée en redressement judiciaire en mars 25. Son activité: l’élevage d’insectes, la production de protéines et d’engrais à base d’insectes (vers de farine etc)

Une ambition prometteuse

Ynsect c’était rapidement imposé comme un pionnier dans un secteur présenté comme une solution durable pour répondre aux besoins croissants en alimentation animale et humaine, tout en réduisant l’empreinte écologique. L’entreprise a levé environ 600 Millions de dollars depuis sa création. En 2021 elle a inauguré son usine Ynfarm à Poulainville, présentée comme « la plus grande ferme verticale du monde » avec l’ambition de révolutionner l’industrie agroalimentaire.

Une descente aux enfers

Malgré les débuts prometteurs, Ynsect a connu des difficultés croissantes. Les défis rencontrés sont multiples. Tout d’abord, le coût de production des protéines d’insectes s’est révélé plus élevé que celui des protéines animales traditionnelles, rendant le modèle économique difficilement compétitif. Ensuite l’entreprise a souffert de dettes importantes estimé à 130 millions d’euros.

De plus, le marché des protéines d’insectes peine à s’imposer, notamment en raison d’une faible acceptation par les consommateurs. Comme en témoignent certains posts sur X: les consommateurs n’en veulent pas, comme la viande synthétique.

Le risque de liquidation demeure, le tribunal devra décider le 16 juin.

Ynsect n’est pas un cas isolé

Agronutris, une autre start-up, spécialisée dans l’élevage de mouches soldats noires pour farines et huiles destinées à l’alimentation animale, est également en difficultés. Le secteur peine à attirer des financements en raison des coûts de production élevés et d’une demande (encore) limitée. Elle est placée en procédure de sauvegarde.

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Et les autres?

Innovafeed, leader dans l’élevage de mouches soldats noires pour produire des protéines et huiles destinées à l’aquaculture, l’alimentation des animaux de compagnie et les engrais. Leur ambition: l’ouverture de 20 sites d’ici 2030.

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nextProtein se concentre sur la bioconversion de mouches soldats noires pour produire des protéines, des huiles, et des engrais pour l’aquaculture, l’alimentation des volailles, des porcs et animaux de compagnie.

Jimini’s est la seule entreprise française autorisée à commercialiser des produits à base d’insectes pour la consommation humaine, grâce à une licence exclusive de cinq ans obtenue en 2021. Elle utilise la poudre de protéines d’Ynsect (vers de farine) pour produire des barres protéinées, pâtes et snacks. Jimini’s se concentre sur la niche de l’alimentation humaine, mais la réticence culturelle en France freine son développement, le marché reste restreint.

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Minus Farm, une mico-ferme spécialisée dans l’élevage d’insectes comestibles, notamment pour les produits artisanaux, Elle propose des insectes entiers et des produits transformés pour la consommation humaine. Elle mise sur l’éducation des consommateurs pour lever les freins culturels.

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Risques pour la consommation humaine

Bien que les produits soient destinés à l’alimentation animale, leur intégration dans la chaîne alimentaire (ex: poissons nourris avec ces farines) pourrait poser des risques indirects pour l’humain:

. Voici une synthèse concise des principaux risques, basée sur les données disponibles :

1. Risques allergiques

  • Allergènes similaires aux crustacés : Les insectes, comme les criquets ou les vers de farine, partagent des protéines (tropomyosine, arginine kinase) avec les crustacés, pouvant déclencher des réactions allergiques chez les personnes sensibles. Une étude de 2018 (Journal of Food Science) estime que 6 à 8 % des consommateurs allergiques aux crustacés pourraient réagir aux insectes.
  • Symptômes : Urticaire, œdème, ou choc anaphylactique dans les cas graves.

2. Contamination microbienne

  • Bactéries et pathogènes : Les insectes peuvent être porteurs de bactéries comme Salmonella ou E. coli si l’élevage ou la transformation ne respectent pas des normes strictes d’hygiène. Une analyse de l’EFSA (2015) souligne que les conditions d’élevage (humidité, densité) favorisent la prolifération microbienne.
  • Mycotoxines : Les insectes nourris avec des substrats contaminés (déchets agricoles) peuvent accumuler des toxines fongiques.

3. Contaminants chimiques

  • Pesticides et métaux lourds : Les insectes peuvent bioaccumuler des polluants présents dans leur environnement ou leur alimentation. Une étude de 2020 (Food Chemistry) a détecté des traces de cadmium et de plomb dans certains échantillons d’insectes comestibles.
  • Résidus d’antibiotiques : Utilisés dans certains élevages pour prévenir les maladies, ils peuvent poser un risque pour la santé humaine.

4. Risques liés à la transformation

  • Mauvaise préparation : Une cuisson insuffisante peut laisser des pathogènes actifs. Les insectes crus ou mal conservés sont particulièrement vulnérables à la contamination.
  •  Contrôle qualité :Les difficultés financières de l’entreprise pourraient également compromettre les investissements dans des contrôles qualité rigoureux.
  • Additifs : Les produits à base d’insectes (barres protéinées, farines) peuvent contenir des additifs ou conservateurs mal tolérés par certains consommateurs.

5. Acceptation et risques psychosomatiques

  • Réticence culturelle : En Europe, la consommation d’insectes suscite souvent un dégoût, pouvant entraîner des réactions psychosomatiques (nausées, vomissements) non liées à des causes biologiques.
  • Manque de données à long terme : L’entomophagie étant peu répandue en Occident, les effets à long terme d’une consommation régulière restent peu étudiés.

Précautions et réglementation

  • Normes strictes : En Europe, l’EFSA et le règlement Novel Food (2018) imposent des contrôles rigoureux pour les insectes comestibles, réduisant les risques lorsqu’ils sont respectés.
  • Recommandations : Consommer des insectes issus d’élevages certifiés, bien cuits, et éviter si allergique aux crustacés. Les autorités sanitaires conseillent de limiter la consommation jusqu’à ce que plus de données soient disponibles.

Conclusion

Manger des insectes peut être sûr si les normes d’hygiène et de production sont respectées, mais les risques allergiques, microbiens et chimiques existent, surtout dans un marché encore immature. Pour minimiser ces risques, il est crucial de privilégier des produits traçables et certifiés, tout en tenant compte des sensibilités individuelles.

Et le faux fromage n‘a pas trouvé son public non plus

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Cinq ans après l’avoir rachetée, le groupe Bel va cesser l’activité de sa filiale All in Foods, dédiée à sa gamme de substituts végétaux au fromage vendus sous la marque Nurishh, entraînant la fermeture de l’usine de Saint-Nazaire.

La réticence des consommateurs français limite l’adoption de ces nouveaux secteurs. Une bonne chose peut-être?

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